Zeus, le tirage au sort et l’égalité des chances

Dans la société grecque antique, le tirage au sort était utilisé à des fins diverses, notamment pour la distribution (e.g. du butin), la sélection (e.g. des magistrats) et la procédure (e.g. l’établissement d’une alternance). Contrairement à l’inégalité des résultats attendue dans les jeux dits « de...

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Bibliographic Details
Main Author: Malkin, Irad 1951- (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
Check availability: HBZ Gateway
Fernleihe:Fernleihe für die Fachinformationsdienste
Published: Centre 2022
In: Kernos
Year: 2022, Volume: 35, Pages: 61-76
Online Access: Volltext (kostenfrei)
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Description
Summary:Dans la société grecque antique, le tirage au sort était utilisé à des fins diverses, notamment pour la distribution (e.g. du butin), la sélection (e.g. des magistrats) et la procédure (e.g. l’établissement d’une alternance). Contrairement à l’inégalité des résultats attendue dans les jeux dits « de hasard » (par exemple, les jeux de dés), les Grecs anciens aspiraient souvent à l’égalité des résultats, par exemple, dans « l’héritage des parts par tirage au sort ». Les Grecs attendaient-ils des dieux qu’ils déterminent les résultats du tirage au sort ? Le tirage au sort était-il dès lors considéré comme une sorte de divination ? L’examen des mythes de tirage au sort parmi les dieux grecs, tels qu’ils apparaissent notamment chez Homère et Hésiode, conduit à la conclusion inverse : lorsque, par exemple, Zeus, Hadès et Poséidon se partageaient leurs provinces ou « honneurs » (la mer, les enfers, le ciel), à la fois en tant que frères héritiers et en tant que vainqueurs se répartissant un butin, ils ne se tournaient certainement pas vers un autre dieu pour déterminer la réponse. Le tirage au sort dépend de la souveraineté du groupe qui décide de recourir à cette procédure ; il définit les contours-mêmes de ce qui constitue un groupe légitime, c’est-à-dire ceux qui ont accès au partage ; il souligne l’égalité des chances pour tous les participants et tente d’assurer l’égalité et l’équité des résultats. Dans l’ensemble, à l’exception des oracles explicitement associés au tirage au sort, chez les Grecs anciens, ce dernier était une affaire humaine.
In ancient Greek society, drawing lots was used for a variety of purposes, notably distribution (e.g., of booty), selection (e.g., of magistrates), and procedure (e.g., establishing turns). However, unlike the unequal outcomes often expected in games of chance (e.g., dice gambling) ancient Greeks often aspired to equality of outcomes as well, e.g., in "partible inheritance by lot". Did Greeks expect the gods to determine the results of drawing lots? In other words, was drawing lots regarded as a kind of divination? The discussion of myths of drawing lots among Greek gods, especially in Homer and in Hesiod, points to the reverse conclusion: when, for example, Zeus, Hades, and Poseidon divided up among themselves their provinces or "honors" (the Sea, the Underworld, the Sky), both as brothers "inheriting" and as victors splitting up the spoils, they were certainly not turning to yet another god to determine the answer. The drawing of lots depends on the sovereignty of the group to decide to conduct a drawing of lots, it defines the very contours of what constitutes a legitimate "group" of potential sharers, i.e., those who have access, stresses the equality of chance for all participants, and attempts at equality and fairness of outcomes. Mostly, except for explicit lot-oracles, the drawing lots among ancient Greeks was a human affair.
Contains:Enthalten in: Kernos
Persistent identifiers:DOI: 10.4000/kernos.4190